La transition vers les mobilités décarbonées s’accélère
Transition énergétique oblige, le marché de la mobilité électrique va connaître un rapide développement dans les mois et les années à venir. Qui dit véhicules électriques dit infrastructures de recharge. Quels sont les enjeux soulevés par le déploiement rapide et massif des bornes ? Quels sont les objectifs définis pour les prochaines années. Et comment Sogetrel entend y répondre ? L’éclairage et les précisions d’Emilien Le Jeune, Chef de Projets Mobilité Électrique.
Où en est aujourd’hui le marché du véhicule électrique ?
Ce marché connaît depuis plusieurs mois une croissance forte et régulière. Selon l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (AVERE-France), les ventes de véhicules électriques ont progressé de 192 % entre février 2019 et février 2020. Même la crise sanitaire n’est pas parvenue à démentir cette tendance. Sur les neuf premiers mois de l’année 2020, 68 000 voitures électriques neuves ont été immatriculées, contre 30 000 sur la même période en 2019. En mai 2020, les immatriculations de voitures électriques et hybrides rechargeables étaient en hausse de 61 %, portant la part de marché du segment à 8,8 % des ventes de véhicules neufs. Le contexte réglementaire – Loi de Transition Énergétique de 2015, Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) de 2019 – participe fortement de cette dynamique.
Cette accélération de la transition vers les mobilités décarbonées va logiquement propulser le marché des infrastructures de recharge de véhicules électriques (IRVE)…
Les deux marchés sont bien sûr consubstantiels. Aujourd’hui, côté IRVE, la France figure à la 3ème position européenne, avec plus de 32 000 points de charge sur le territoire. On peut miser sur une nette accélération dans les mois qui viennent. Là aussi, la pression réglementaire joue un rôle important. La LOM rend obligatoire le pré-équipement de bornes de recharge électrique dans tous les parkings de plus de dix places des bâtiments neufs ou rénovés, et l’équipement de tous les parkings de plus de 20 places des bâtiments non résidentiels d’ici à 2025. D’ici 2030, ce sont 7 millions de bornes qui devront être installées par les collectivités. D’importants dispositifs d’incitation ont été mis en place pour accompagner ce mouvement, comme le programme ADVENIR.
De quoi s’agit-il ?
ADVENIR est un dispositif d’aides financières créé en 2016 par l’AVERE-France en partenariat avec Eco CO2, labellisé par le ministère de la Transition écologique et solidaire et financé par le dispositif des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE). Il vise à promouvoir la mobilité électrique via l’installation de bornes de recharge en voirie, en entreprises et dans les copropriétés sur tout le territoire français.
Quel est le montant de l’enveloppe financière ?
ADVENIR vient d’être reconduit sur la période 2020 – 2023, avec un plafond budgétaire majoré à 100 millions d’euros. L’objectif est de financer plus de 45 000 nouveaux points de recharge d’ici à fin 2023. Outre l’attribution d’aides financières sur de nouvelles typologies de bornes, ADVENIR 2 s’enrichit d’un volet dédié à la sensibilisation du grand public et à la formation d’acteurs clés des territoires (collectivités territoriales, syndics de co-propriété…) sur la mobilité électrique. En résonnance directe avec ce programme, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports, ont signé le 12 octobre 2020 avec des acteurs de la filière automobile la charte « 100 000 bornes » qui vise l’installation de 100 000 points de charge ouverts au public pour la fin 2021. Bref, il y a en ce moment un alignement des planètes sociétale, juridique et financière extrêmement favorable au marché des IRVE.
L’objectif fixé par le gouvernement de 100 000 bornes publiques de recharge installées d’ici 2021 vous semble-t-il réaliste ?
Très franchement, il serait très difficile à atteindre si les collectivités locales étaient seules en piste. Mais on voit déjà d’autres acteurs de poids investir ce segment de marché. De grands énergéticiens, comme Total, Shell, ou EDF vont mettre beaucoup d’argent dans la balance. En outre, si l’on se projette dans un marché de masse – et c’est ce qu’il faut faire – il est essentiel d’articuler au maximum les systèmes de charge privée individuelle et de charge partagée (voirie ou entreprise).